Tout commence en région parisienne. Frédéric, âgé de 16 ans est pratiquant de taekwondo mais pas très sérieux. Il s’entraine de temps en temps et suit des études pour être électricien. Jeune et turbulent, on ne le laisse pas combattre en taekwondo. Mais entêté, sportif et désireux de faire ses premiers combats, Frédéric JULAN se dirige vers un autre sport : la boxe anglaise !
Il prend goût pour cette nouvelle discipline et prend ses marques, boxe alors plus ou moins régulièrement mais continue ses bêtises de jeunesse. Un midi, alors qu’il travaillait dans un bâtiment industriel en tant qu’électricien, il se rend compte du décalage entre l’ambition de ses collègues de travail et les siennes. Il retourne à la salle, déterminé à avancer et à quitter peu à peu ce milieu ouvrier dans lequel Frederic ne trouve pas ses marques. Le soir même, il décide de tout donner et son coach le met en garde :
« Fred, les gars, vous êtes bon mais vous faites trop de conneries. Il va falloir arrêter ! »
Frédéric acquiesce mais rien de change véritablement…
Son coach décide alors de faire intervenir un boxeur professionnel pour marquer les esprits. Frédéric et ses amis (Romain TOMAS et Yurik MAMEDOV) se prennent une leçon inoubliable et chacun rentre chez soi totalement abattu. En rentrant, Frédéric JULAN tombe sur un reportage sur la chaine W9 mettant en avant Rachid DJAIDANI. Devant son assiette de pâte il écoute cet homme qui avait grandi dans un quartier sensible, qui était devenu maçon puis champion de boxe et enfin écrivain. Frédéric est immédiatement inspiré par le parcours atypique de Rachid DJAIDANI et imagine alors la suite de sa carrière.
Là, c’est le déclic ! Du jour au lendemain Frédéric décide de tout quitter pour la boxe !
Il démissionne et s’entraine alors 7 jours sur 7 pour réaliser son rêve et devenir champion. Il gagne ses premiers combats et remporte un premier titre régional ! Le début de sa carrière est lancé. Après quelques années, les perspectives en France sont limitées et son coach voit clairement son potentiel. Il lui conseille alors de partir aux États Unis pour faire un stage d’un mois avec ses amis de l’époque – Romain et Yurik, boxeurs amateurs eux aussi. Il découvre alors la vie de boxeur à New York et ne se voit plus retourner en France. « Les gens me voyait avec un t-shirt avec écrit Boxing et il m’arrêtait dans la rue pour me féliciter et m’encourager ! Je me sentais soutenu, sur-boosté et encouragé ».
Malheureusement, Frédéric ne peut pas rester à New York faute de moyens financiers. Il rentre alors en France et prépare son come-back avec un objectif en tête : passer pro et gagner les Golden Gloves * ! Son rêve en tête, il monte une société, remporte de gros contrats et travaille dur pendant deux ans. Il met suffisamment d’argent de côté et laisse tout pour partir et rejoindre son rêve.
De retour à New York, il récupère deux studios dans le quartier de Bedford – l’un en face de l’autre – qu’il partage avec ses amis de toujours. Ils vivent alors l’American Dream. Les entraînements continuent, plus intense et plus dur que jamais. Ils passent 100% de leur temps à boxer. « C’est du jamais vu » me confira Frédéric ; car à l’époque, aucun boxeur amateur ne peut consacrer 100% de son temps à la boxe. « Il faut s’imaginer que le niveau n’a rien à voir avec la France car ici, c’est très cosmopolite et chacun ramène sa boxe ».
La compétition pour les Golden Gloves commence alors en février 2013. Frédéric JULAN remporte ses combats et arrive en demi-finale. Le combat à lieu dans un casino ou il est accueilli comme un roi. Il remporte ce combat, arrive en finale et remporte le titre et les fameux Golden Gloves devant plus de 10 000 personnes au Barkley Center !
Incroyable mais vrai, deux ans plus tard Frédéric JULAN remporte à nouveau ce titre tant convoité par les boxeurs du monde entier.
Quelle est ta routine sportive ?
« Je commence par un footing ou conditionning 5h30 du matin, ensuite j’enchaine des coachings privés dans mon building ou chez mes clients. L’après-midi j’ai généralement 2 à 3 heures de boxe et je passe sur la gestion de mes réseaux et mon site : Boxing Culture.
Boxing Culture c’est quoi exactement ?
« C’est une plateforme pour développer les boxeurs aussi bien à l’intérieur du ring qu’à l’extérieur du ring. L’objectif est aussi d’alimenter un fil pour que chacun puisse découvrir la boxe partout dans le monde. » Frédéric souhaite partager son expérience et faire découvrir le style atypique et attachant de la boxe New Yorkaise.
Quel est ton meilleur souvenir ?
« A l’époque le Barclays Center venait d’être terminé et les Golden Gloves faisaient partie des premiers événements. J’étais accueilli comme un grand champion, c’était la folie ». Il m’explique qu’en France il n’avait jamais vécu ça, même à un championnat de France. Il avait l’habitude de recevoir « une montre en plastique » alors que là on lui remet un sac rempli de cadeaux !
« Il y avait une casquette et un tee-shirt des Mets, une enceinte, une gourde et je n’avais même pas encore combattu. Après pour rejoindre le vestiaire je passe par un couloir « Hall of Famer » avec toutes les superstars du basket (Lebron, Michael Jordan etc.), stars de la boxe, quelques tops des meilleurs artistes et tous les gros événement qui ont eu lieu sur NYC. Ensuite arrivé dans le vestiaire flambant neuf, on me donne l’ensemble dans lequel je vais boxer, une paire de gants Everlast, un chèque de 200$ et les fameuses chaussettes des finalistes des Golden Gloves. Pour l’anecdote, les gars les portent ces chaussettes aux autres combats pour dire : regardez je suis allée en finale ».
Après ces nombreuses victoires, quel est ton prochain objectif ?
Sans réfléchir un instant Frédéric me regarde droit dans les yeux et me confie : « Gagner mon prochain combat le 6 aout prochain et me rapprocher du titre mondial » ! Avec autant de passion, sa bienveillance et sa détermination, nous ne pouvons que lui souhaiter de remporter ses prochains combats. Merci Frédéric !
Avant de nous quitter – aurais-tu un conseil pour les jeunes qui vont lire cet article ?
« J’ai choisi d’aller chercher les Golden Gloves alors que j’avais réussi à me créer une situation confortable à Paris. J’ai fait le choix de tout quitter, y compris ma famille, pour aller chercher mon rêve. Je ne regrette rien aujourd’hui. »
« Tout vient à qui sait attendre. Ne vous concentrez pas sur l’argent, car l’argent viendra en travaillant avec le cœur. »
Nota Bene : Les Golden Gloves sont avec le championnat des États-Unis de boxe amateur les deux principales compétitions annuelles du pays. On retrouve ainsi au palmarès quelques-uns des plus grands champions de boxe tels que Mohamed Ali (1960), Mike Tyson (1984), Evander Holyfield ou encore Floyd Mayweather Jr (1993, 1994 et 1996).
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